Santé
Le remdesivir, une lueur d'espoir face au coronavirus
Par AFP - 09:27
Le
remdesivir s’insère dans le matériel génétique du coronavirus et le
court-circuite pour l’empêcher de se répliquer. Photo Ulrich PERREY/AFP
Quatre mois après le
début de l’épidémie de Covid-19, le gouvernement américain a créé l’espoir
mercredi en rapportant qu’un médicament naguère développé contre Ebola, le
remdesivir, semblait avoir prise sur le nouveau coronavirus.
C’est à ce jour la percée
thérapeutique la plus notable contre le coronavirus, même si des experts
préviennent que les résultats entiers n’ont pas encore été publiés.
Des
patients qui se rétablissent plus vite
Les résulats
préliminaires de cet essai clinique contre placebo incluant un millier de
patients, mené par les Instituts de santé américains (NIH) et le laboratoire
Gilead, ont montré que le remdesivir avait aidé des malades hospitalisés à se
rétablir 31% plus vite.
"Les données
montrent que le remdesivir a un effet clair, significatif et positif pour
réduire le temps de rétablissement des malades, a déclaré Anthony Fauci,
directeur de l’Institut des maladies infectieuses qui a dirigé l’essai, dans le
Bureau ovale de la Maison Blanche. C’est une preuve de concept très importante,
car cela prouve que nous pouvons bloquer le virus."
Le président Donald Trump
a dans la foulée demandé à l’Agence américaine du médicament (FDA) d’accorder
"rapidement" une autorisation d’utilisation en urgence pour les
hôpitaux, hors d’essais cliniques.
Le patron de Gilead
Sciences, Daniel O’Day, a annoncé que le laboratoire disposait actuellement de
1,5 million de doses qui seraient données, pour traiter au moins 140 000
patients. Gilead vendra ensuite le remdesivir à un prix "abordable",
a-t-il dit au site Stat.
Pas
d'effet observé sur la mortalité
Comparés aux malades
ayant reçu un placebo, les patients traités avec le remdesivir, un médicament
jamais approuvé contre aucune maladie, se sont rétablis en 11 jours (durée
médiane) au lieu de 15 jours, a détaillé un communiqué des NIH, évoquant une
fiabilité statistique très élevée.
En revanche, les
résultats préliminaires ne montrent pas si le médicament permet de sauver des
vies. La mortalité du groupe de patients traités par remdesivir était de 8%,
contre 11,6% dans le groupe témoin; une différence trop faible pour exclure que
ce soit le fruit du hasard.
Une étude chinoise était moins concluante
L’annonce de Washington
relativise l’importance de résultats non concluants d’une petite étude sur le
remdesivir (237 patients), menée dans dix hôpitaux de Wuhan en Chine et publiée
mercredi par la revue médicale The Lancet.
Dans l’essai chinois, les
malades traités avec le remdesivir n’ont pas fait mieux que ceux traités par
placebo. Mais la taille de l’essai, interrompu faute de malades car l’épidémie
s’est arrêtée à Wuhan, limite l’interprétation des résultats.
En
attendant Discovery
De multiples essais sont
en cours dans le monde pour tester le remdesivir, d’autres antiviraux ou encore
l’hydroxychloroquine, un médicament contre le paludisme que beaucoup d’hôpitaux
expérimentent sans attendre, notamment le professeur français Didier Raoult en
conjonction avec un antibiotique.
Les résultats du grand
essai Discovery sur 3200 patients européens sont particulièrement attendus.
En attendant, l’hydroxychloroquine est contestée. Les autorités
sanitaires américaines ont formellement déconseillé son utilisation hors
hôpital il y a quelques jours en raison des risques pour le cœur.
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