Le groupe Zenglen semble renaître de ses cendres

 Auteur(e) Jean-Robert Noel

 

Le nouveau Zenglen

Une fructueuse récolte dépend toujours de la bonne semence, de la qualité de l’engrais utilisé et tout aussi bien de la saison. Qui ne risque rien n’a rien, et celui qui n’a rien ne peut rien risquer. Le groupe Zenglen a tout risqué pour essayer de se replacer sur l’échiquier musical konpa dirèk. On annonce déjà l’arrivée de la saison pluvieuse qui, certainement, va déranger certains groupes musicaux et arranger d’autres. Ceux qui n’ont rien planté ne pourront rien récolter. Le groupe Zenglen a déjà anticipé le changement qui va s’opérer dans le jardin culturel de l’industrie musicale haïtienne, la « scène » HMI. Il a fait l’étude du sol et a choisi un terrain fertile pour semer le bon grain. Il vient de produire deux (2) chansons-démos qu’il soumet à l’appréciation  du grand public. Il s’agit de « Bird of Paradise - L’oiseau du Paradis » et « Zenglen pran devan ».

Le Zenglen vers un nouvel horizon

Le Zenglen prend une autre direction. Il est allé très vite en besogne, mais en prenant peut-être  des précautions qui peuvent le mettre à l’abri du mauvais temps qui s’annonce. La chanson « Bird of Paradise » est d’une autre facture. À travers ce morceau, Klemay a confirmé son talent de chanteur. Sa voix et son dynamisme musical plaisent à la grande majorité. Il commence à convaincre les incrédules qui l’avaient découvert au sein du groupe Klass de Richie. Même si le titre de la chanson est similaire à celui de Snowy White, son essence et les paroles différent.

La pluie ne pourra empêcher l’oiseau de planer à haute altitude. Cet oiseau mis en cage est bien dressé, nourri et vit en toute sécurité. On ne peut dire si l’oiseau en question est male ou femelle. On va l’attraper au vol et on le saura prochainement. Cette chanson peut-elle garantir le succès du Zenglen et le replacer confortablement sur l’échiquier musical ? La réponse est à la fois oui et non. Cette dualité se fonde sur les expériences du passé. Oui, si les responsables du Zenglen choisissent de bonnes stratégies de promotion et de marketing. Non, s’ils empruntent la même voie d’hier et utilisent des moyens de promotion similaires à ceux qu’ils avaient cru être les meilleurs pour assurer le marketing du disque « Rezilta ». Ce CD « Rezilta » demeure l’un des meilleurs disques produits récemment, mais son succès a été mal géré.

Au cours d’une interview que Brutus a accordée, le samedi 28 mars dernier,  à l’émission « Sur le podium » qu’animent Metga et M.D « Dickenson », il eut à dire ce qui suit : « il faut assurer la promotion  d’une chanson qui touche le public le plus profondément ». Il oublie sans doute que les mêmes causes produisent toujours les  mêmes effets dans les mêmes conditions? Cette façon de penser avait vite enterré le CD « Rezilta ». Pourtant, la qualité et la substance des autres chansons enregistrées sur ce CD pourraient garantir un long succès au Zenglen. Les observateurs en dehors de la cellule familiale-Zenglen ont un meilleur sens d’observation.  Lè w deyò, ou wè pi byen. 

Il semble que Brutus soit un férus du football. Il fait souvent allusion à ce sport pour justifier sa position eu égard au départ simultané de Réginald Cangé et de Kenny Desmangles. Il s’est référé à la sélection brésilienne qui avait encaissé 7 buts face à l’Allemagne, lors de la dernière Coupe du monde. D’après Brutus, le Brésil possédait une bonne équipe, mais ne pouvait obtenir de bons résultats. Le maestro du Zenglen compare son groupe musical à cette sélection. Le Zenglen, dit-il, a eu de bons joueurs, mais il n’arrivait pas à décrocher de bons résultats. Il a déclaré sans ambages qu’il se trouvait dans l’obligation de faire un remue-ménage.

Brutus laisse l’impression qu’il a renvoyé Réginald et Kenny. Pourtant, ces derniers parlent plutôt de leur démission. Qui croire ? Cela importe peu, puisque le Zenglen avance vers un nouvel horizon, et les deux ex-chanteurs du groupe caressent d’autres rêves. La mémoire semble faire défaut à plus d’un. N’était-ce pas avec ces deux chanteurs que le Zenglen avait adopté le slogan  « Zenglen Pi Red –ZPR », après le départ de Richie de cette formation musicale? Rien ne dit que Klemay et Fréro vont résoudre l’équation complexe du Zenglen, si celle-ci manque des paramètres. Il faut que le personnel administratif du groupe assume aussi ses responsabilités. Auteur de l’article: Robert Noël. Le maestro du Zenglen doit comprendre que la dialectique nous permet de voir différemment une même situation, et cela même quand on se place au même point d’observation.

«Zenglen pran devan », mais pas encore « Devan, devan nèt »



La chanson « Zenglen pran devan » reflète un tempo accéléré et elle traduit un fait. Ce morceau présente un caractère polémique, mais il laisse entrevoir  le Zenglen traditionnel,  tant au niveau de la forme que du fond. Ce n’est pas sans raison qu’ils disent dans cette chanson: « Pierre qui roule n’amasse pas mousse,… verite nan manti yo ». La musique est de bonne facture, mais le texte fait soulever des critiques. D’après le résultat d’un sondage méticuleusement mené,  certaines gens pensent que le Zenglen, à travers cette chanson, tire à boulets rouges sur Réginald Cangé et Kenny Desmangles, en utilisant surtout la voix de Fréro Jean-Baptiste pour le faire. Tandis que pour d’autres, le texte met plutôt en relief une situation d’instabilité que les responsables du Zenglen veulent résoudre à tout prix. Fréro a exploré plusieurs univers  musicaux, incluant « Le Konpa » de Gracia Delva. On souhaite aussi qu’il se stabilise, car « Pierre qui roule n’amasse pas mousse ». 

D’autres gens parlent de leçon de morale que le Zenglen enseigne aux gens qui font le contraire de ce qu’ils prêchent. Bon nombre d’observateurs avisés interprètent les messages du texte comme des attaques directes qui démontrent l’esprit de méchanceté qui anime ces musiciens voulant détruire deux anciens membres de la famille-Zenglen, qui avaient contribué au succès de cette formation musicale. C’est une approche que les gens critiquent sévèrement et ils reprochent un tel fait aux responsables du Zenglen.  La loi de la jungle-HMI demeure: Aujourd’hui on vous glorifie et demain on vous sacrifie. Tous les artistes ont connu un tel traitement à un moment ou bien à un autre de leur carrière. Brutus a aussi vécu une telle expérience.

En dépit de tout, on n’ose pas critiquer la qualité et la structure musicale de la composition, qui, se révèle une bonne pièce. Les riffs et les solos de guitare, tout aussi bien ceux des claviers / keyboard ne s’écartent pas de la forme musicale qui, depuis 25-26 ans, a toujours identifié le Zenglen. Auteur de l’article: Robert Noël. Les lignes que joue Yves Abel, le bassiste, apportent une autre couleur à la section rythmique. Sa touche est une merveille. On peut dire en toute sincérité que le Zenglen se trouve sur la voie qui pourra le conduire vers le succès. Il a quand même passé le test. Cela ne signifie pas pour autant que « Zenglen devan devan nèt », comme dans le passé. Cette formation musicale doit plutôt se concentrer sur la compétition et non sur la futilité / la polémique qui ne fait pas avancer la cause. 

Le soleil semble luire pour le Zenglen

Après la pluie, le beau temps s’annonce pour le Zenglen. Son succès et son échec dépendront de lui. Il est donc maître de son destin. Ce groupe musical semble renaître de ses cendres. Quand on considère le côté business de la musique, les responsables de l’orchestre auraient dû placer et  vendre les deux chansons sur iTunes d’abord. La curiosité du public ayant atteint son plus haut point, elle aurait incité les gens à les acheter à un rythme défiant l’imagination. Ceci aurait permis au Zenglen de bénéficier d’une publicité gratuite en se plaçant sur la charte musicale - iTunes, tout en générant un revenu. Cette stratégie aurait aussi ouvert un horizon plus large au Zenglen à l’échelle internationale. 

Le timing  pourra jouer en faveur du Zenglen, comme il l’a été avec la sortie du disque
«Rezilta». Cette formation musicale bénéficie d’un certain avantage puisque les groupes musicaux Nu Look et Djakout #1, deux concurrents forts, ne peuvent  pas produire un deuxième disque cette année. S’ils le font, ils vont compromettre le succès de leur récent album. Le terrain est déblayé, « Zenglen pran devan » parait tout à fait normal pour l’instant. Mais il doit se rappeler du proverbe: « qui va lentement arrive sûrement ». Cela pourra lui éviter le faux pas de la dernière fois. Il ne faut pas qu’il confonde vitesse et précipitation. Ayant fait l’étude du marché, aucun groupe de taille ne va produire un nouvel album avant l’été 2015. Les musiciens du Zenglen doivent prendre le temps qu’il faut pour bien travailler les 10 autres chansons qu’ils auront à présenter sur le CD. Encore une fois, la résilience de Brutus s’affiche clairement. Il laisse refléter la flexibilité du bambou qui plie, mais ne rompt pas. 

Le groupe Zenglen, bien qu’il soit l’aîné de Klass, doit se méfier de ce groupe musical qui compte offrir un nouveau CD cette année.  Richie, le maestro du groupe Klass, se perche pour mieux observer ce qui se passe et il prend note. Connaissant Richie, Klass ne va pas mettre son nouvel album en circulation tant que Zenglen ne le fait pas. Il laissera « Zenglen pran devan » pour mieux l’observer sur le chemin de la compétition. Le pèlerinage de Brutus, entre New Jersey et New York n’a pas encore pris fin. Il doit encore s’accrocher à Dener Ceide pour obtenir le résultat qu’il escompte, et cela sans faire du « copier-coller-copy and paste » du disque »Rezilta ». Brutus est à la recherche d’un résultat complet et non partiel. Le « Rezilta deuxième version » semble être en route. D’ailleurs, c’est ce que souhaitent tous les fans de Zenglen. Il ne nous reste qu’à souhaiter bonne chance et du succès continu au groupe Zenglen. L’avenir parait très prometteur.

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