Un juge fédéral des Etats-Unis
a ordonné la suspension temporaire d'un plan de régularisation de
millions de clandestins, décrété par Barack Obama en novembre, mais le
président américain a annoncé mardi que son gouvernement ferait appel.
"Le droit est de notre côté, l'histoire est de notre côté", a déclaré
Barack Obama, en dénonçant la décision prise lundi soir par le juge
Andrew Hanen du tribunal fédéral de Brownsville, au Texas (sud). "Ce n'est pas la première fois qu'un tribunal bloque ou tente de bloquer quelque chose qui s'avère être légal", a ajouté le président, qui s'est dit "convaincu" que cette décision "relève tout à fait de son pouvoir".
Le ministre de la Sécurité intérieure Jeh Johnson a toutefois annoncé mardi qu'il "suspendait jusqu'à nouvel ordre" l'application du décret.
Il a également souligné son "profond désaccord" avec la décision du juge Hanen qui a donné raison au Texas et à 25 autres Etats - pour la plupart dirigés par des républicains - qui portaient plainte, jugeant ce plan de régularisations illégal.
"Le ministère de la Justice fera appel de cet ordre temporaire; dans l'attente, nous admettons que nous devons nous y conformer", a ajouté M. Johnson.
"Nous nous attendons à obtenir gain de cause devant les tribunaux", a-t-il dit, soulignant que le gouvernement pourrait alors "faire appliquer" la réforme.
Barack Obama avait annoncé le 20 novembre que des permis de travail de trois ans seraient accordés à près de cinq millions de personnes en situation irrégulière, sur les quelque 11 millions que compte le pays.
Un volet de ce plan, destiné aux sans-papiers arrivés enfants aux Etats-Unis, devait être appliqué ce mercredi.
Mais le juge Andrew Hanen en a suspendu l'application, jusqu'à ce que la justice tranche sur le fond.
"C'est une étape provisoire", a réagi aussi le ministre américain de la Justice Eric Holder, qui s'attend à voir cette affaire résolue "à un niveau supérieur, par une cour d'appel fédérale, si ce n'est par la Cour suprême" elle-même.
Même si elle est temporaire,
cette décision a apporté de l'eau au moulin des républicains du Congrès
qui tentent d'annuler le plan de régularisations par la voie
législative.
"En agissant unilatéralement pour réécrire nos lois sur
l'immigration, le président Obama a méprisé la volonté des Américains et
violé la Constitution", a déclaré Bob Goodlatte, président de la
commission de la Justice de la Chambre des représentants. "Nous ne
pouvons pas laisser un homme invalider les lois existantes avec une
simple signature ou un simple coup de fil".- "Remède juste" -
Le gouvernement mexicain a fortement critiqué le jugement.
"Ces programmes sont un remède juste pour des millions de familles et peuvent renforcer la contribution des immigrants mexicains à l'économie et la société américaine", a déclaré José Antonio Meade Kuribreña, ministre mexicain des Affaires étrangères.
Au Congrès, les parlementaires doivent voter d'ici le 27 février la loi de financement du département de la Sécurité intérieure, dont dépendent les services d'immigration, mais la loi rédigée par les républicains inclut plusieurs amendements qui annuleraient le plan de régularisations de Barack Obama.
Solidaires du président, les démocrates font obstruction contre ce texte, et l'impasse reste totale à l'approche de la date butoir.
"Ne paniquez pas", a déclaré à la presse Debbie Smith, de l'organisation Service Employees International Union, qui s'opposait aux 26 Etats plaignants devant le juge du Texas. "Ce n'est pas la fin du match, cette suspension est temporaire (...) ce n'est que le début de la bataille", a-t-elle estimé.
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