Royaume-Uni: Theresa May prend les rênes d'un pays dans le doute
Le couple Theresa et Philip May va emménager mercredi 13 juillet dans la résidence du Premier ministre.
CHRIS RATCLIFFE / AFP
Il est apparu presque soulagé
la veille devant le 10, Downing Street. David Cameron tire sa révérence
ce mercredi 13 juillet après avoir conduit le Royaume-Uni au Brexit.
Après six ans au pouvoir, le Premier ministre britannique va passer la
main à la nouvelle dirigeante du Parti conservateur, Theresa May. Un
passage de flambeau qui divise les Britanniques.
Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
Le pays voit partir un Premier ministre qui a sous-estimé l’hostilité
d’une majorité de son peuple vis-à-vis de Bruxelles, et raté son pari
de réconcilier son parti et son pays, divisés depuis des décennies sur
la question européenne. David Cameron restera donc à jamais celui qui a
fait sortir le Royaume-Uni de l’Union européenne avec des conséquences
que personne ne peut encore mesurer.
Un David Cameron qui, depuis avoir annoncé sa démission au lendemain du vote,
paraît étrangement peu concerné par le sort de son pays, ou feint de
n’en être pas affecté. On l’a vu plaisanter le jour où il a dû
s’exprimer devant les députés au Parlement, une semaine après le Brexit.
Et puis lundi 11 juillet, après avoir apporté son soutien à Theresa May, on l’a même entendu chantonner discrètement en rentrant dans sa résidence, avant de conclure pour lui-même « Right », « Voilà », semblant se dire « une bonne chose de faite ».
Pourtant, le Brexit signe la fin abrupte de sa carrière politique et
risque fort d’occulter un bilan économique positif bien que terni par un
bilan social victime de l’austérité.
Dernière passe d'armes
Alors que sa famille se prépare à quitter le 10, Downing Street et
que les déménageurs se dépêchent d’emporter les derniers cartons, David Cameron
s'est rendu, ce mercredi 13 juillet à midi, à la Chambre des communes,
pour la séance hebdomadaire des questions au Premier ministre. Une
séance d’adieu.
Mais une séance qui a aussi été marquée par les derniers échanges,
toujours aussi vifs entre David Cameron et le chef de l’opposition
Jeremy Corbyn. Si le leader travailliste a commencé par rendre hommage à
son adversaire pour avoir notamment légalisé le mariage gay, très vite
le dialogue a tourné à la passe d’armes sur la question du niveau de
pauvreté et du bilan social mitigé du gouvernement.
Des critiques auxquelles le Premier ministre sortant a répondu en
soulignant qu’il admirait de plus en plus l’endurance de Jeremy Corbyn,
une référence très ironique au fait que le parti Labour est actuellement
enferré dans une guerre civile extrêmement brutale face au refus de
Jeremy Corbyn de démissionner malgré les demandes pressantes de
l’ensemble de ses députés. Finalement cette dernière séance s’est
achevée par une ovation des députés à David Cameron.
Celui-ci doit désormais se rendre au palais de Buckingham pour
présenter officiellement sa démission à la reine et recommander Theresa
May pour le remplacer.
Theresa May prend ses fonctions
Cette dernière pourra alors à son tour rencontrer Elizabeth II avant
d’annoncer les premiers portefeuilles de son gouvernement. Perçue comme
la plus à même de réunifier le parti conservateur, on s’attend à un mélange prudent de pro et anti-Brexit avec une attention particulière à la parité homme-femme.
Mais sa conversion au maintien dans l'Union européenne au cours de la
campagne laisse tout de même certains Britanniques dans le doute. Elle
devra assurer à la fois la continuité avec le gouvernement précédent,
mais aussi le changement tant attendu par les citoyens.
Et bien que Theresa May souhaite une équipe rajeunie, on s’attend à
reconnaître quelques poids lourds, avec encore des interrogations sur le
sort réservé à George Osborne (ministre de l'Economie), Michael Gove
(ministre de la Justice) ou encore Boris Johnson (l’ancien maire de
Londres).
Seule certitude, en entrant à Downing Street, le couple Theresa et Philip May sera accueilli par « Larry the cat »
(le chat Larry), le seul locataire qui reste après avoir été confirmé
dans ses fonctions de chasseurs de rats et souris en chef, selon une
tradition qui remonte aux années 20.
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