jeudi 18 avril 2013

Gazzman Couleur: Innocent ou coupable?

 
image Gazman

L’homme est né bon et innocent mais souvent la société le culpabilise sans raison ni cause. Cependant, il cherche toujours dans la mesure de ses moyens et de ses capacités à extirper complètement le sentiment de culpabilité en justifiant l’acte pour lequel il est accusé, afin de prouver son innocence. Souvent, on impute un mauvais acte à un individu en se basant simplement sur les déclarations d’un plaignant, sans vraiment mener une enquête minutieuse et sans examiner les vrais faits à charge. La logique exige qu’on utilise et suggère des moyens fiables pour vérifier dans quelle mesure l’hypothèse de la culpabilité de l'accusé est fondée.

Un scandale en plein cœur de l'industrie musicale haïtienne

Aujourd’hui, le monde littéraire et l’univers artistique sont confrontés à un grand problème juridique: l’irrespect et la violation des droits d’auteur. Gazzman Couleur / Disip et un rappeur haïtien du nom de Baby 1 King font face à une situation complexe qui requiert une bonne connaissance des règles qui gouvernent ces droits en question et le business de la musique, que nos musiciens ne saisissent pas bien. Le plaignant Baby 1 King accuse Gazzman d’avoir volé une chanson qu’il a composée. Une analyse approfondie des faits et  des données nous permettra de mieux comprendre ce qui se passe et aussi de déterminer la culpabilité ou non de Gazzman Couleur.

Déjà, certains veulent donner à cette affaire une allure de scandale « Disipgate », une évocation « Watergate ». Je pense que c’est aller trop vite en besogne. Car la loi stipule qu’un accusé est innocent jusqu'à preuve du contraire. Je profite de l’occasion pour signaler en passant que l’argent n’est pas innocent puisqu’il a le pouvoir de séduire ou de corrompre les faibles d’esprit du monde. Je ne dévalue pas le principe qui avance que « two wrongs do not make a right – deux faussetés ne font pas une vérité". Les droits d’auteur sont internationalement reconnus et protégés par « la Convention de Berne pour la protection des œuvres littéraires et artistiques ». 

Pour mieux me faire comprendre, je juge qu'il est nécessaire de définir les vocables « auteur » et « droits d’auteur » comme je les conçois. Un auteur est celui qui a créé ou bien est à l’origine d’une œuvre littéraire, scientifique ou artistique, à partir d’une inspiration personnelle, ou bien s’inspirant d’une idée ou d’une autre œuvre littéraire / musicale, en accréditant l’auteur du travail original. Le droit d’auteur se définit comme étant celui d’exploitation exclusive, reconnu à quelqu’un sur toute création originale, que ce soit dans le domaine des arts, des lettres, des sciences, ou autres etc.
 
Le droit économique et le droit moral


Il existe bien deux composantes majeures de droit d’auteur qui sont : le droit économique et le droit moral. Il ne faut pas prendre le terme « moral » dans le sens de doctrine ou précepte lié à la religion. L’Acte des droits d’auteur confère aux artistes le droit d’approuver ou de désapprouver l’utilisation de leur création ou d’objecter à la publication de l’œuvre si elle a été altérée, mutilée, modifiée ou défigurée sans leur consentement. Le droit moral est celui qu’ont les créateurs d’œuvres copyrightées reconnues par la loi civile. Ils incluent le droit d’attribution qui exige qu’on donne crédit au compositeur de l’œuvre utilisée à une fin culturelle, éducative ou à d’autres.

L’attribution est une déclaration légale permettant de vérifier l’identité de l’auteur de l’œuvre copyrightée. Elle permet au créateur de bâtir ou d’élargir sa réputation, tout en empêchant à d’autres artistes de réclamer la paternité de l’œuvre qu’il a créée.  Je profite de l’occasion pour apprendre à Gazzman et tous ceux qui, comme lui, ne connaissent pas les lois qui régissent le business de la musique, que même après avoir vendu une œuvre musicale, elle demeure la propriété intellectuelle du créateur, s’il peut le prouver légalement. La décence et le respect veulent qu’on donne plein crédit au compositeur pour son travail.

Gazzman et Baby 1 King, ne connaissant pas le côté business de la musique, ne font que spéculer, forçant ainsi le public à réagir émotionnellement et à émettre des opinions sans fondement. Les deux protagonistes ignorent vraiment les lois fondamentales du droit économique et moral, tout aussi bien le principe d’échange. Ce n’est pas sans raison que dans certains cas on parle d’adaptation, d’interprétation d’une œuvre. Il faut qu’on le signale lors de la publication de l’œuvre. Autrement, on tombe dans le plagiat, comme tous ceux-là qui copient mes articles, les placent sur un site internet et me privent du droit d’auteur en substituant leur signature à la mienne. Ils sont nombreux et ils se connaissent. Je suis prêt à les nommer mais pas avant que mon avocat me le conseille. Il y en a même qui changent les titres de mes articles et conservent le contenu intact. Leurs noms seront dévoilés au moment opportun.

La violence n’est pas une solution aux litiges

Aujourd’hui, Gazzman frappe à toutes les portes. Sachant qu'il joue à « do or die-réussir ou échouer », il devient brasseur d’affaires à cause des pressions naturelles auxquelles il fait face, surtout avec la sortie des disques en file des groupes compétiteurs. Il veut à tout prix ouvrir la grande porte du succès, et cela même sans clef, une chose qui ne parait pas trop facile, considérant l’ampleur de la compétition aujourd’hui. Le compositeur de la chanson « Spirit », Baby 1 King, a reçu une tranche de 900 $ U.S de Gazzman Couleur pour le morceau, mais il rappelle au chanteur vedette de Disip que ses dépenses en studio s’élèvent à 1,500 $ US pour l’enregistrement de la chanson et que la valeur marchande de ce morceau est de 6,000 $ U S.

L’on se demande depuis quand paie t-on une telle somme pour une seule chanson d’un compositeur haïtien? Il y a des artistes, particulièrement les giggers (musiciens à salaire journalier), qui ne gagnent même pas un tel salaire annuellement. C’est triste mais ils en sont responsables.  On voit et comprend bien que Gazzman et Baby 1 King n’ont ni un agent, ni un avocat. L’industrie musicale haïtienne ne permet pas de payer un tel montant pour une chanson. On ne se fait point de doute qu’il s’agit d’un petit projet à faible budget.

Au cours d’une interview, Baby 1 King a fait des déclarations menaçantes et orageuses qui peuvent le conduire par devant les tribunaux pour s’expliquer. Quand il dit que Gazzman et Ti Lunet paieront très cher le prix de leur acte, cela reflète la violence verbale et insinue même la violence physique. Je dois rappeler que Ti Lunet est un musicien qui aide Gazzman Couleur a traversé la rivière en crue pour qu’il ne perde pas sa couleur habituelle. Il semblerait, d’après les déclarations de Baby 1 King, que Ti Lunet lui a volé ses fichiers musicaux et les a apportés à Gazzman Couleur.

Baby 1 King a aussi avancé que JBeatz avait chassé Ti Lunet d'un studio parce que celui-ci enregistrait les beats de cet artiste (JB). On remarque que Ti Lunet a épousé le mutisme. Gazzman a aussi parlé de gifles, et il se demande s'il gifle Baby 1 King, est-ce gifler l'Esprit (en trois personnes)? Je dirai à Baby 1 King et Gazzman de diluer leur vin-mete dlo nan diven yo puisqu’aux États-Unis l’État de droit est établi et respecté. Je ne dis pas qu’on doit négliger ou ignorer certains points avancés par Baby 1 King. Je me demande pourquoi tous ces palabres pour une chanson qui peut ne pas être un hit. Gazzman devint indécis et changea d’idée à plusieurs reprises. Il arrive que Gazzman n’accepte pas certaines conditions que lui impose Baby1King, telles que : modification du texte original, changement du titre et interdiction de placer la chanson sur iTunes. Le chanteur vedette de Disip ne peut lui enlever le droit d’auteur. La chanson dont il est question n’a pas été copyrightée par son auteur. Voilà donc une première erreur de Baby 1 King.

Un tel fait rend faibles les chances de réussite des démarches de ce rappeur, qui a vendu sa chanson « Spirit » à Gazzman Couleur. Le déroulement de cette tragi-comédie ou méli-mélodie montre que Disip est loin de finir son album. Le fondateur de Disip est en train de racler, ramper, à la recherche de l’impossible. Les faiblesses de Gazzman sont maintenant mises à nu, au vu et au su du public. L’on se demande aujourd’hui si Arly Larivière n’avait pas raison de faire comprendre que c’était lui l’architecte du grand succès de Gazzman Couleur.  Gazzman doit prouver le contraire.  http://radiotelevisioncaraibes.com

À quelque chose, malheur est bon
 

Sans vouloir juger les intéressés,  je dis qu’à quelque chose malheur est bon. Maintenant, on voit bien la nécessité du copyright et la création d’une association de musiciens haïtiens. L'affaire Gazzman versus Baby 1 King est un cas juridique qui requiert consultation avec une entité s’occupant de droit économique et moral des artistes, ce qu’on n’a pas dans l’industrie musicale haïtienne. Baby King veut rembourser l’argent à Gazzman en deux paiements, une condition qui prouve bien que le chanteur de Disip, Gazzman Couleur,  n’avait pas volé la chanson. 

Le rappeur doit aussi apprendre qu’en business le premier versement reçu au cours d’une transaction doit être placé dans un compte escroc à la banque, en attendant le paiement total du montant qui lui est dû. On ne touche pas à cet argent, même si l'on crève de faim. Deuxième erreur de Baby 1 King ! Je pense qu’il est impératif de définir le vocable « voleur ». Voler c’est prendre par ruse ou par force le bien d’autrui sans consentement et l’autorisation du propriétaire. Un voleur est quelqu’un qui s’est approprié du bien d’autrui et qui le fait habituellement.

Le vendeur et l’acheteur de musique jouent au chat et à la souris. Baby 1 King a été en catimini au studio où Disip était en pleine répétition. Il a été vu de tous les musiciens, puis il a fait semblant de laisser l’enceinte et alla se cacher dans une chambre adjacente au studio où les musiciens de Disip tenaient séance, d'après ses déclarations. Le rappeur jouait à la guérilla et découvrit que les musiciens de Disip exécutaient une version altérée de sa chanson « Spirit », quand il  fit une brusque apparition dans la salle de répétition. Je trouve puéril le comportement de Gazzman, Ti Lunet et Baby 1 King. Couleur n’a plus 20 ans ou deux fois 20 ans. Le chanteur-vedette de Disip et ses collègues musiciens, tous des soi-disant super-superstars,  ne connaissent pas les règles ni les lois capables de jouer en leur faveur en musique.
 
Le principe d’adaptation et d’interprétation musicale libère l’interprétateur


Gazzman a aussi commis une grave erreur. Il pourrait ne pas acheter la chanson et la jouer sous forme d’interprétation ou d'adaptation,  en ayant soin de donner crédit complet à Baby 1 King. Quand on interprète une pièce musicale, on peut faire d’autres arrangements pour apporter de nouvelles couleurs tonales à la composition musicale, sans en changer le fond c'est-à-dire la mélodie. Le cycle des quintes et / ou des quartes en musique servent bien à cet effet. La chanson populaire « Choucoune » a été naturalisée « Yellow Bird », mais la forme et le fond demeurent, ce qui nous permet de l’identifier.

Les disciples de Gazzman Couleur semblent aimer la chanson de Baby 1 King plus que le créateur de la pièce musicale, puisqu’ils insistent tant à jouer et à inscrire le morceau à leur répertoire. On peut utiliser des accords d’embellissement et de substitution pour rendre la musique plus captivante. Cela aiderait aussi à changer le quotidien-men m ti bagay la. Je ne vois et ne comprends pas la raison qui pousse les musiciens de Disip à emprunter une telle voie. Ils ont le talent et la capacité qui peuvent leur permettre de produire d’excellentes pièces musicales. Je me demande pourquoi ils s’éternisent sur une chanson qui peut ne pas être un hit, bien que Baby 1 King ait publiquement déclaré, dans un passé pas trop lointain, qu’il a donné une chanson hit au Disip. Perception de Baby 1 King ! Il s’agit bien de cette même chanson « Spirit ». 

Les démarches des musiciens de Disip auprès de Baby 1 King prouvent bien que leur inspiration a tari. Ils jouent au poker et n’ont pas de bonnes cartes. Ce dernier épisode montre bien que Disip ne se tient pas ferme sur terre et que son futur peut être chancelant, si les mesures appropriées ne sont pas prises à temps.  Zenglen a bravé les mauvais temps pour rendre ce qu’il avait promis. Klass semble suivre le chemin que le groupe de Brutus a emprunté avant lui. Quant à Disip, il montre bien qu’il a les mains vides, sans carte d’atout pour l’instant. Le principe de réussite dans toute compétition  demeure « se byen jwe pouw genyen ».

En voulant s'engager dans des chenins superposés, -nan fè wout  pa bwa, nan chemen jennen- les musiciens de Disip et Gazzman Couleur se sont laissé découvrir sous les foins du fermier. Il n’y a rien de caché qui ne doive être dévoilé, ni de secret qui ne doive être connu. Plus les autres groupes mettent leurs CDs tôt en circulation,  plus profondément Disip s’enfonce en terre et plus mince sa chance dans la course. Il faut que  Gazzman et ses collègues musiciens se réveillent pour sortir de l’impasse et se replacer sur l’échiquier musical haïtien, car le public attend et commence à devenir impatient.

La propriété intellectuelle d’un auteur ne change pas de main

Le public lit les cartes de Gazzman et de Disip, et il se rend automatiquement compte qu’ils ne sont pas encore prêts pour la compétition. Il faut signaler que le compositeur a le droit de déterminer quand, où et comment son œuvre doit être présentée au grand public. Il a aussi le droit d’exiger que sa chanson ne soit pas altérée sans son autorisation. Je remarque que le public se prononce sur la situation sans connaitre ce que prescrivent les droits d’auteur. Nos musiciens doivent comprendre qu’en vertu des droits économiques d’un créateur / auteur / compositeur que, même après le transfert des droits de celui-ci, il peut réclamer son droit d’auteur puisqu’il s’agit de sa propriété intellectuelle. Cependant, Baby 1 King doit présenter des documents juridiques et même des témoins capables de confirmer l’authenticité de l’œuvre afin de supporter toutes ses déclarations.

Gazzman et Baby 1 King doivent toujours se rappeler qu’ils vivent dans un pays où il y a un État de droit. L’industrie musicale haïtienne n’ayant aucune structure pour gérer une telle situation, je crois que la meilleure des choses serait de présenter le cas au tribunal civil. Je sais qu’ils n’aimeraient pas choisir un tel recours puisque les deux parties opèrent leur business en marge de la loi. Pour éviter des complications, il serait sage qu’ils trouvent un terrain d’entente pour résoudre le problème à l’amiable, puisque « mizisyen se yon  sel kod fanmi, kelkeswa nasyonalite n, men m mizikmen men m jan nan tout peyi, se enspirasyon selmann diferan ». Je tiens encore à signaler à Baby 1 King et Gazzman que la violence, verbale ou physique, n’est pas de mise et les conséquences qui en résulteront peuvent être graves. Elle risque de les conduire en prison et d’affecter leur carrière musicale. Un fait demeure encore certain : la loi veut qu’un accusé soit reconnu innocent jusqu'à preuve du contraire.

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