lundi 21 octobre 2013

Anba Macaya : une épopée spéléo en Haïti, à suivre sur Futura-Sciences

Anba Macaya : une épopée spéléo en Haïti, à suivre sur Futura-Sciences

Durant six semaines, l'équipe de l'expédition intitulée « Anba Macaya, verticales souterraines », va explorer un réseau inconnu de grottes et de rivières souterraines en Haïti. L'enjeu est géologique, géographique, économique et humain, dans une région peu explorée, riche d'une forêt primaire d'altitude. Menés par Olivier Testa, les spéléologues tenteront d'atteindre le point le plus profond de la Caraïbe, de cartographier ce réseau dont on ignore tout... et de raconter leurs aventures et découvertes aux lecteurs de Futura-Sciences. Épisode pilote du feuilleton : on plante le décor.

Les yeux de Marie-Jeanne : un endroit célèbre de la grotte du même nom qui se trouve près de Port-à-Piment, au sud du massif de Macaya, lieu de l'expédition. Dans ce sous-sol karstique, l'eau a creusé un labyrinthe, à peu près inexploré, de galeries, de grottes et de rivières souterraines. © Jean-François Fabriol

Ils sont 7, âgés de 28 à 63 ans, à se préparer à descendre sous terre tous les jours pour cartographier jusqu’à son plus profond un petit coin de la Terre encore très mal connu. Il se trouve en Haïti, à l’extrémité ouest de l’île Hispaniola, sur le haut plateau de Formon. Là, dans ce qui est devenu le parc Macaya, au cœur du massif et au pied du pic éponymes, se trouve l’une des dernières forêts primaires du pays.
« Elle est préservée parce qu’elle se trouve en altitude et qu'elle est protégée par une situation géographique difficile », nous explique Olivier Testa, responsable de l’exploration spéléologique. Nos lecteurs le connaissent pour nous avoir fait découvrir les grottes sacrées de l’Ouest Cameroun ainsi… que des crocodiles orange.
Le massif Macaya, où a lieu l'expédition, se trouve sur la pointe ouest de l'île Hispaniola, en Haïti. L'équipe s'est installée sur le plateau Formon, entre 1.000 et 1.500 m d'altitude et cherchera des puits verticaux pour accéder au réseau de grottes et de galeries. Les noms visibles ici (cliquer sur l'image pour mieux les lire) ne sont pas mentionnés par Google Earth et ont été ajoutés par l'équipe.
Le massif Macaya, où a lieu l'expédition, se trouve sur la pointe ouest de l'île Hispaniola, en Haïti. L'équipe s'est installée sur le plateau Formon, entre 1.000 et 1.500 m d'altitude et cherchera des puits verticaux pour accéder au réseau de grottes et de galeries. Les noms visibles ici (cliquer sur l'image pour mieux les lire) ne sont pas mentionnés par Google Earth et ont été ajoutés par l'équipe. © Expédition Anba Macaya, verticales souterraines, Google Earth

Vers le record de profondeur de la Caraïbe ?

L’expédition débutera ce 21 septembre et s’achèvera 6 semaines plus tard, le 1er novembre. L’équipe espère bien que ce temps lui suffira pour démêler l’écheveau de galeries et de grottes qui, à coup sûr, traverse ce massif calcaire. Le nom de l’expédition, Anba Macaya, signifie d’ailleurs « dans les profondeurs de Macaya » en haïtien. Les spéléologues comptent même atteindre le point le plus profond de la Caraïbe, au-delà de mille mètres de profondeur sous la surface du sol. L’idée est de tenter d’accéder par l'intérieur du massif à la résurgence de ces eaux, repérée sur des images satellite.
L’équipe de spéléologues partira du plateau Formon et y cartographiera les puits d’accès vers le réseau souterrain, mais recherchera également les entrées sur le flanc du plateau, pour des accès horizontaux. Si le titre de l’expédition se termine par « verticales souterraines », c’est cependant parce que l’essentiel du travail se fera dans les puits. « Ce sera une expédition sportive, commente Olivier Testa. Nous amenons un kilomètre de cordes pour pénétrer par les grands puits. Les entrées horizontales, nous ne les atteindrons qu’ensuite. »
L’équipe presque au complet dans la grotte Favot, lors d’un entraînement dans le Vercors, en juin 2013. Debout derrière (de gauche à droite), Matthieu Thomas et Marie-Pierre Lalaude-Labayle ; accroupis (de gauche à droite), Stéphanie Jagou, Pascal Orchampt et Olivier Testa. Manquent Anne-Sophie Brieuc et Jean-François Fabriol.
L’équipe presque au complet dans la grotte Favot, lors d’un entraînement dans le Vercors, en juin 2013. Debout derrière (de gauche à droite), Matthieu Thomas et Marie-Pierre Lalaude-Labayle ; accroupis (de gauche à droite), Stéphanie Jagou, Pascal Orchampt et Olivier Testa. Manquent Anne-Sophie Brieuc et Jean-François Fabriol. © Olivier Testa

Trouver le chemin de l'eau en Haïti

En plus de cet objectif géologique, l’expédition a d’autres buts. La responsable à l’initiative de l’expédition, Marie-Pierre Lalaude-Labayle, n’est d’ailleurs pas spéléologue mais spécialiste en ingénierie de l’eau. La question de l’eau est en effet l'une des préoccupations majeures pour cette région, dans laquelle les habitants voient les pluies s'infiltrer dans le sol sans créer de rivières.
Il s’agit aussi de valoriser cette belle région, dans un pays qui a beaucoup souffert et qui a vu le tourisme s’écrouler en raison de l'instabilité politique d’Haïti. « C’est un milieu karstique dans lequel se trouvent de nombreuses grottes, explique Olivier Testa. Quelques-unes sont déjà gérées par le ministère du Tourisme et commencent à être connues. »
Coulée de calcite et gours (les blocs de concrétions) dans la grotte Marie-Louise Boumba en Haïti, en février 2013.
Coulée de calcite et gours (les blocs de concrétions) dans la grotte Marie-Louise Boumba en Haïti, en février 2013. © Jean-François Fabriol

Au cœur d'une île mal connue

« Il s’agit pour nous de réaliser un inventaire de ces ressources et de ces possibilités. C’est vraiment un territoire méconnu et nous ne savons pas exactement ce que nous allons trouver. Il est bien possible, par exemple, que nos découvertes intéressent les paléontologues, car il arrive que des animaux tombent dans ces trous, au fond desquels on remarque souvent des squelettes. Il peut aussi y avoir des objets faits de main d’Homme et jetés là. »
L'ingénieur spéléologue rappelle que l’histoire précolombienne de l’île est encore peu précise. Après l’arrivée de Christophe Colomb, les indiens Taïnos ont été exterminés. Et bien avant, quand ils se sont installés sur Hispaniola, ces Indiens avaient décimé les grands animaux et, peut-être, les populations humaines qui s’y trouvaient déjà et dont on sait peu de choses.
C’est cette expédition géologique et humaine, aux aspects multiples, que Futura-Sciences vous invite à suivre dans les prochaines semaines. Les membres de l’équipe nous expliqueront leur progression, leurs découvertes et leur vie entre ciel et terre.

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