Gazzman « Couleur » Pierre / Disip et T-Vice dans l’impasse d’un labyrinthe
Felder Antoine
Les vrais amis sont rares, et c’est surtout dans les moments difficiles qu’on les reconnaît. Il faut bien qu’on se méfie surtout des amis « circonstanciels de temps ». Et pour mieux connaître un ami il faut revisiter son enfance, car la personnalité d’un individu ne change pas avec le temps. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Pourtant, un même symptôme peut-être lié à différentes maladies. Un symptôme n’est pas une maladie, mais plutôt un signe clinique annonçant un déséquilibre au niveau des éléments vitaux, une perturbation / une altération des fonctions d’un organisme. La fièvre est un symptôme, mais pas une maladie. L’industrie musicale haïtienne souffre d’une déficience qui affecte grandement sa stabilisation.
Défection ou démission de Felder Antoine
Felder Antoine, un bassiste très connu, continue son exploration à travers l’industrie musicale haïtienne, après avoir découvert différents mondes, tels que Zenglen original (comme keyboardiste / claviériste), D’Zine (bassiste), Nu Look (bassiste) et Disip (bassiste). Il s’est séparé abruptement de ce dernier groupe. On ne peut pas parler de sa démission, puisqu’il n’a jamais notifié ses collègues musiciens et le conseil d’administration de Disip d’une telle décision. Il n’a pas non plus publié une note de presse ou une circulaire pour informer le grand public de son divorce d’avec Disip. Il faut que je définisse les vocables.
Une démission se définit comme une rupture d’un contrat de travail avant sa date d’expiration, et elle ne donne pas droit aux allégations de chômage, surtout dans l’industrie musicale haïtienne. Je définis la défection comme étant une désertion / l’abandon d’un parti / d’une cause, l’évasion d’un camp ou un changement d’un camp à un autre sans justification. Je suis certain qu’il n’y a eu aucun contrat légal entre Felder Antoine et Gazzman / Disip. La défection du bassiste peut quand même affecter cette formation musicale, si Gazzman ne trouve pas un remplaçant compétent dans l’immédiat pour combler le vide que crée son départ. Gazzman était peut-être le seul à ne pas savoir que son bassiste allait le laisser en plein combat. Les symptômes étaient fortement ressentis après la tournée de Disip en Haïti. Certains, à la place de Gazzman, auraient aujourd’hui crié haut et fort : sa m fè ma p peye.
N’ai-je pas raison de dire que tout est possible dans l’industrie musicale haïtienne ? Disip n’est pas et ne sera pas le seul à faire face à une telle situation. D’autres musiciens vont emboîter le pas dans le même sens que Felder Antoine. Tant que l’inégalité salariale existe, l’industrie musicale haïtienne ne pourra jamais changer de visage et avancer. Il est temps que les « giggers-per diem », les musiciens à salaire journalier, obtiennent une augmentation et des bénéfices sociaux. Le coût de la vie augmente partout à travers le monde, mais le salaire de ces musiciens journaliers haïtiens demeure stagnant. N’est-ce pas l’une des causes de déséquilibre de notre industrie musicale et aussi la raison qui motive les fréquentes défections? C’est la période des transferts de musiciens d’un groupe à un autre qui débute, et cela à l’image de la NBA (National Basketball Association
Le groupe T-Vice face à une crise interne presque résolue
Après la mise en circulation de son récent CD titré « Resan », le groupe T-Vice utilisait de bonnes stratégies pour maintenir sa place sur l’échiquier musical haïtien. Il gagnait du terrain paisiblement jusqu’au moment où survint un incident qui a secoué un peu cette formation musicale, tout aussi bien les fans qui y croient. Le bassiste « poto-mitan » du groupe, Gérald Kébreau, a démissionné à la grande surprise de tous. Pour mettre fin aux rumeurs, l’ex bassiste de T-Vice avait jugé bon de dévoiler les vraies raisons qui l’ont porté à démissionner. Kébreau représentait un grand atout, une force motrice pour T-Vice. J’ai toujours cru qu’après 15 ans de service, il avait été un membre légal de cette organisation / institution. Les deux parties ne sont pas arrivées à un terrain d’entente, ce qui a causé son départ. Je n’aurais jamais pensé qu’une telle situation aurait fait la joie des uns et des autres. Je trouve bizarre que certains se réjouissent d’un tel fait, souhaitant même la dissolution de T-Vice. Cette réjouissance ne se justifie pas. N’est-ce pas ce même public qui crie toujours : Konpa dirèk devan ?
Ce n’est pas la fin du monde, ni pour Kébreau, ni pour T-Vice. Un divorce n’est pas toujours facile à surmonter puisque les bons moments que vous aviez passés et partagés ensemble vont refaire surface quotidiennement et, des fois , cela peut empêcher un sommeil calme. L’habitude joue un grand rôle dans la vie de ces musiciens qui partageaient les mêmes aspirations et les mêmes rêves. Gérald Kébreau va certainement continuer sa carrière musicale et je veux qu’il sache qu’il n’existe pas de mauvaises expériences dans la vie pourvu qu’on apprenne d’elles. J’aimerais aussi dire aux musiciens et responsables de T-Vice de tenir encore ferme puisqu’ils peuvent toujours réussir dans toutes leurs entreprises.
Si les premières nouvelles se confirment vraies dans leur totalité, Felder Antoine sera pour T-vice une excellente acquisition. Il est non seulement un bassiste Hi-Tech mais aussi un claviériste / keyboardiste et un batteur hors-pair. Il pourra apporter d’autres couleurs à T-Vice. Si le salaire que lui offre cette formation musicale dépasse considérablement ce qu’il gagnait au sein de Disip, Felder Antoine va s’accrocher à T- Vice. Sa période d’adaptation au T-Vice ne sera pas facile comme il l’imagine. Les coutumes et la philosophie de cette formation musicale diffèrent de celles de Disip. Il faut toutefois dire, en toute franchise, qu’avec Felder, T-Vice aura tout à gagner. Du même coup, les dirigeants de ce groupe musical doivent aussi s’attendre à l’imprévisibilité de ce nouveau musicien, qui n’a pas encore complété son exploration. Il lui reste, peut-être, d’autres groupes musicaux à explorer, d’après ceux qui le targuent déjà de musicien mercenaire.
Gazzman « Couleur » Pierre recommence son chemin de croix
Personne n’ignore que le groupe Disip de Gazzman « Couleur » fait toujours face à des problèmes d’ordre structurel et administratif. Le chanteur est aujourd’hui à la première station de son nouveau chemin de croix. Après le départ de « Sexy Beef », premier bassiste de Disip, Felder Antoine était venu à la rescousse de Gazzman et Disip. Il les a remorqués du fond des falaises et a inspiré une certaine confiance au chanteur. Je sais qu’il tenait fort à accompagner Gazzman dans ses périples, pour le meilleur et pour le pire. Étant chrétien, Felder Antoine sait bien ce que nous dit la Bible : il faut que votre oui soit oui ,et que votre non soit non (Mathieu 5 verset 37).
Il n’y a eu aucun contrat entre Disip et Felder, d’après un musicien du groupe. Dans un tel cas, celui-ci n’a aucun engagement avec Gazzman / Disip et il peut se séparer du groupe, mais pas la façon dont il l’a fait. Son action reflète son manque d’éthique professionnelle. De deux choses l’une. Il semblerait que Felder avait dit « huit » à Gazzman qui crut avoir entendu « oui », pour le meilleur et pour le pire. Sa décision de laisser Disip est bien réfléchie et a été longuement planifiée. On ressentait les symptômes. Cela laisse insinuer son insatisfaction qui est surtout liée à son salaire qui n’est pas proportionnel au travail qu’il fournit au sein de Disip.
On ne peut pas le blâmer du fait qu’il ait laissé Disip. Il a donc fait un choix et doit défendre ses intérêts personnels. Toute réaction résulte d’une action proportionnelle. L’effet boomerang ! Il faut qu’on se pose certaines questions avant de faire valoir ses opinions ou avant de juger le musicien. Quel sont donc les mobiles qui ont conduit Felder dans une telle direction ? Était-il satisfait de son salaire ? Pense t-il que le bateau de Disip va faire naufrage et il s’est vite séparé de l’équipage? A-t-il vu des choses contraires à sa croyance religieuse, se déroulant au sein de Disip ? Gazzman lui avait-il donné plein pouvoir et l’autorité lui permettant de prendre des décisions en tant que maestro du groupe? Etait- il un maestro figurant? Etait-ce Gazzman qui prenait toutes les décisions sans lui demander des suggestions ou conseils, même au niveau musical?
Gazzman ne peut et ne doit rien reprocher aux musiciens et aux dirigeants de T-Vice. Felder n’a pas été contraint et il est maître de ses décisions. Celui-ci devait simplement l’informer et le personnel de Disip de son intention, sans même spécifier les raisons qui le portent à se séparer d’eux, s’il le voulait. Il n’a pas et n’aura jamais la conscience tranquille. Il se sentait peut être embarrassé, considérant l’amitié qui le lie à Gazzman. On doit surtout comprendre aussi que le musicien professionnel doit vivre de sa profession. Puisque tout est possible dans cette industrie musicale, il se peut bien que ce soit une stratégie de complices. L’amitié qui lie ou liait Gazzman et Felder plane au-delà des passions et des mesquineries humaines. Aujourd’hui, cette relation semble tourner au vinaigre .Zanmi an pral fache, comme le dit toujours Gazzman « Couleur » Pierre. Zanmi pral gate. Tant qu’un contrat n’est pas légalement signé par Felder Antoine et les responsables d’une autre formation musicale, Gazzman peut espérer.
Felder Antoine est-il aujourd’hui un Judas dans le livre de Gazzman Couleur?
Sans Felder, Gazzman peut-il crier « Viktwa » comme son nouveau disque le traduit ? Comment va-t-il s’y prendre pour consolider cette victoire que, déjà, certains qualifient de fictive. Gazzman doit aujourd’hui prouver son leadership, puisqu’il s’autoproclame leader à travers la chanson du même nom, enregistrée sur son deuxième CD « Viktwa ». Il porte sa croix avec courage, mais ce ne sera pas pour longtemps, si et seulement si Sexy Beef, l’ancien bassiste, revient au Disip. Celui-ci n’a eu aucun conflit avec Gazzman et il laisse l’impression d’être beaucoup plus professionnel, conciliant et malléable.
Analysons les faits. Si Felder recevait un salaire équitable comme maestro de Disip, il n’aurait pas laissé le groupe en chemin. Gazzman et Disip ont perdu un capital avec la défection de ce musicien au talent multiple. La situation pourrait être différente si Felder avait choisi d’aller jouer seulement à la Gloire de l’Éternel comme il l’avait fait après qu’il eut laissé le groupe Nu Look. Personne ne sut qu’il allait revenir dans le monde du compas direct. Puisque Gazzman Couleur considère toujours comme Judas tous les collaborateurs qui l’ont laissé en chemin, Felder Antoine est-il aussi un JUDAS aujourd’hui?
Gazzman se pose toujours en taquin pour se moquer de tout, de ses compétiteurs en difficulté, particulièrement ceux avec lesquels il avait collaboré dans le passé. Ne dit-il pas souvent : ou ta p chèche pwoblem, e byen men problem ? Vraiment, les mêmes causes produisent les mêmes effets dans cette industrie musicale. Cependant, Gazzman peut toujours sortir du labyrinthe s’il prend les mesures nécessaires à temps. Ses fans lui seront toujours loyaux et il pourra réussir dans ses démarches s’il change de stratégies et de méthodologies d’action.
Il semble que Gazzman n’a pas bien appris les grandes leçons de la vie, quand, lui aussi, fait du saut périlleux en permanence. Il a encore une image virtuelle de la réalité de la vie. Il se trouve aujourd’hui dans une situation contre laquelle il a toujours prêché. Il fait toujours allusion aux paroles qui suivent: Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez, pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil (Mathieu 7 versets 1 à 5). Je souhaite bonne chance et bonne besogne aux groupes Disip et T-Vice. Je profite de l’occasion pour formuler mes vœux de succès à Felder Antoine dans sa nouvelle aventure.
robertnoel22@yahoo.com
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