Le Real vole le Ballon d'or à Ronaldo !
Le Ballon d'or, une distinction individuelle ? Que dalle ! Avec le Real,
c’est devenu surtout un trophée de club. La Casa Blanca, c’est
désormais 9 C1 et 7 Ballons d’or. Bien joué, Florentino !
Cristiano en tenue de soirée.
Mercredi 27 novembre 2013, stade Bernabéu… Avant la rencontre de C1 Real-Galatasaray, la foule madrilène plébiscite son héros, Cristiano Ronaldo. Le club a monté une formidable opération marketing pour appuyer son champion pour le titre du Ballon d'or 2013 : 45 000 personnes portent le masque en carton à l’effigie de CR7 ! Dans un des virages du stade, des supporters ont « spontanément » confectionné une banderole qu’ils déploient devant les caméras du monde entier, avec ce jeu de mot : « Balon de CristianOROnaldo ». Des spectateurs brandissent également des feuilles blanches marquées du numéro 7… Un coup de pub génial à deux jours de la fin des votes du jury du Ballon d'or. Et surtout, une belle claque meringuée à Sepp Blatter ! Lequel avait marqué fin octobre à Oxford sa préférence pour « le bon garçon, Messi » au détriment du guindé Ronaldo, « le commandant sur le terrain ». Une erreur que le Real va très légitimement exploiter en laissant planer des suspicions de favoritisme de la Fifa. Si Messi a perdu en partie le Ballon d'or, ce pourrait être aussi de la faute de Sepp qui a rompu avec son devoir de neutralité.
Car la planète foot prend fait et cause pour la star portugaise… On a déjà oublié pourtant que c’est la Fifa qui avait décidé de proroger la durée du vote des jurés, permettant à CR7 de marquer un quadruplé retentissant en barrages de Mondial 2014 contre la Suède. Trop tard, le mal est fait ! CR7 et le Real n’ont plus qu’à jouer les outragés. Surtout le Real ! Déjà parce que la « Casa Blanca » n’a strictement rien gagné en 2012-213. Nada ! Et ça, c’est pas bon pour l’image, le prestige, les actionnaires, les sponsors, les fans, les enfants, etc. Et parce qu’à la reprise de septembre, CR7 est en grosse difficulté face à Messi et surtout face à Ribéry, élu meilleur footballeur UEFA fin août 2013 (avec 4 titres majeurs). Francky est d’ailleurs arrivé en tête du collège des journalistes, hier soir ! Cristiano était mal barré : en octobre, pressentant une défaite, il avait même menacé de ne pas se rendre à Zurich pour la cérémonie du Ballon d'or… Mais il a pu compter sur lui-même en continuant de marquer comme un malade. Et il a aussi pu compter sur la Casa Nostr… euh, la Casa Blanca !
Jamais un club ne s’est autant mobilisé au profit d’un de ses joueurs pour obtenir une distinction pourtant « individuelle ». Car l’opération com’ réussie d’avant Real-Galatasaray ne fut qu’un épisode de la longue campagne pro-Ronaldo actionnée en haut lieu. Jugez plutôt… De fin octobre 2013 à début janvier 2014 (soit bien après la clôture du vote, le 29 novembre), le Real a magnifiquement convoqué le ban et l’arrière-ban du club pour faire gagner son champion. Pour proclamer haut et fort que Ronaldo « devait absolument gagner le Ballon d'or », ils s’y sont tous mis, en ordre hiérarchique décroissant : Di Stéfano (président d’honneur), Florentino Pérez (président), Emilio Butragueño (vice-président aux affaires sportives), Carlo Ancelotti (entraîneur), Iker Casillas (capitaine) et Sergio Ramos (joueur emblématique) ! Du jamais vu. Et Zidane, entraîneur-adjoint de Carlo ? Ziz avait d’abord plébiscité son compatriote Ribéry à l’automne. Virage à 180°, le 30 décembre : « Pourvu que Cristiano Ronaldo remporte le Ballon d'or. » Même après les votations, l’appui de Zinedine garde quand même un retentissement médiatique. Enfin, on se doute bien que ce soutien très corporate a été un peu « suggéré » par le board… En tout cas, le Real aura été parfait.
Bien sûr, c’est d’abord grâce à son talent que Cristiano a remporté la boule dorée Fifa-France Foot. Mais l’extraordinaire mobilisation médiatique de son club en sa faveur a sans doute influé en partie sur sa victoire. À ce propos, le Real peut remercier Mourinho. Don José avait toujours « très sauvagement » défendu le soldat Ronaldo pour le titre du Ballon d'or. À chaque saison, envers et contre tous, même quand Messi était inatteignable, impliquant presque de force tous ses coéquipiers madrilènes ainsi que les dirigeants dans le soutien inconditionnel de CR7. Le Real a donc bien retenu la leçon de Mourinox et a remporté un trophée qui, mine de rien, lui sauve un peu sa saison blanche et sèche. La victoire de CR7, c’est aussi le sien. Un coup de maître !
Obama vote Messi ?
Une fois de plus, le Real de Florentino Pérez aura innové en matière de com. Avec toujours un coup d’avance sur la concurrence ! C’est ce qu’a compris, mais un peu trop tard, ce pauvre Uli Hoeness, fort dépité hier soir que son « Kaizer Frank » n’ait pas été sacré. « Nénesse » crie même au complot ! Sauf que… Qui a vraiment soutenu Ch’ti Frank ? Beckenbauer, mollement : partisan du Français, mais en pressentant une victoire de Ronaldo… Hoeness, donc, et Guardiola aussi. Mais le duo bavarois s’est manifesté en faveur de Ribéry le 8 décembre seulement. Hors délai. Zlatan et le foot français (les Bleus, DD, JPP, Platoche) ont plébiscité eux aussi Francky : trop léger par rapport au clan Real… En passant, le couac de Sakho, votant CR7, lui a valu un bon taquet de la part de Lascar Face (du sang à Clairefontaine ?). Côté Messi, un programme minimum normal du fait de ses blessures, d’un palmarès en club un peu trop light, malgré une avalanche de buts toujours impressionnante. Outre le comique Blatter, Pelé avait plébiscité Lionel. Pas mal, mais déjà oublié. Sandro Rosell, le boss blaugrana s’était aussi fendu d’un soutien public à l’Argentin, mais pour la forme. Et pourtant… Messi a quand même fini deuxième. Et si le Barça avait fait monter au front médiatique, façon Real, Cruyff, Rivaldo, Rijkaard, Xavi, Ronaldinho, Iniesta, Neymar ? Et Maradona ? Ex-Blaugrana, Diego a appuyé Ronaldo fin 2013…
Le Real vient d’imposer brillamment une équation simple, un Ballon d'or = un titre pour le club ! Certes, la formule n’est pas nouvelle. Les clubs ont toujours mis en avant leurs lauréats. Gérard Houllier a toujours parlé des « 6 titres de 2001 » de Liverpool : aux 5 trophées du club, « Gégé » ajoutait le Ballon d'or d’Owen… La Juve s’enorgueillit toujours de ses 8 Ballons d’or (pour 2 C1, seulement) et MU aussi (4 boules dorées). Le Barça, pourtant leader avec 10 Ballons d’or, préfère célébrer ses Clásicos gagnés à Bernabéu plutôt que ses 10 distinctions… On exagère, bien sûr, mais le club catalan a encore du boulot. Car le Real a mis la barre très haut. Désormais le lobbying effréné s’impose aux clubs, même pour cette « simple » distinction individuelle. À l’avenir, les comités de soutien vont se multiplier, embrigadant les pipoles, hommes politiques, rock stars, vedettes du cinéma, le pape François, etc. Les sponsors vont s’y mettre aussi, forçant peut-être leurs franchisés à choisir publiquement le crack d’un autre club que les leurs (Neymar-Nike-Barça vote Ronaldo-Nike-Real contre Messi-Adidas-Barça ?) Ne rigolez pas ! D’ici la fin de son mandat en 2016, même Barack Obama se mouillera pour Messi ou Ronaldo…
Par Chérif Ghemmour
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