2014 : le retour d'El Nino ?
« El Nino » est le nom donné à une anomalie chaude des eaux de surface de l’océan Pacifique oriental, tandis que « la Nina » est son inverse : une anomalie froide des eaux de cette même partie du Pacifique. D’une façon plus globale, ce phénomène océanique cyclique concerne l’ensemble du Pacifique par un effet de bascule : lorsque les eaux se...
« El Nino » est le nom donné à une anomalie chaude des eaux de surface de l’océan Pacifique oriental, tandis que « la Nina » est son inverse : une anomalie froide des eaux de cette même partie du Pacifique. D’une façon plus globale, ce phénomène océanique cyclique concerne l’ensemble du Pacifique par un effet de bascule : lorsque les eaux se réchauffent d’un coté, elles se refroidissent de l’autre, entraînant des modifications climatiques profondes sur le pourtour du Pacifique mais aussi en d’autres régions du Globe. Ce mécanisme met en évidence l’interaction atmosphère-océan.
Il s’agit donc d’un effet de balancier cyclique des températures des eaux de surface de l’océan Pacifique entre l’Australie et les côtes ouest américaines, de la Californie au Pérou et au nord du Chili. L’appellation « El Nino », ou « courant de l’enfant Jésus » (car il apparaît généralement peu après Noël) est relative à une anomalie chaude le long de cette zone, tandis que par opposition, les eaux se refroidissent du coté de l’Australie et de l’Indonésie. Le cycle inverse, pendant lequel les eaux se réchauffent du coté australien et se refroidissent du coté américain est appelé « La Nina ». D’une façon plus globale, les périodes El Nino entraînent un réchauffement global planétaire, tandis que les années « Nina » sont majoritairement plus froides. Ces variations cycliques naturelles ont toujours existé, mais on ne sait pas très bien expliquer le phénomène déclencheur. On peut simplement constater qu’El Nino est un dérèglement climatique d’une périodicité de 6 à 10 ans. Le dernier grand épisode El Nino est celui de 1998, responsable d’un pic de chaleur planétaire qui reste, jusqu’à présent, le point culminant du réchauffement climatique contemporain. A contrario, ces dernières années étaient à dominante « Nina », expliquant en partie la phase de plateau du réchauffement climatique et le retour des hivers froids dans l’hémisphère nord.
Le mécanisme
En temps normal, on parle de « période Neutre » : les alizés soufflant de l’est poussent les eaux chaudes du Pacifique vers l’Australie et l’Indonésie, qui connaissent des pluies de mousson habituelles. « Sous le vent », les côtes américaines ont des eaux plus froides et un climat plus sec. On parle d’El Nino lorsque ce schéma se renverse : les vents dominants soufflent alors de l’ouest sur le Pacifique, poussant vers les côtes américaines les eaux de surface plus chaudes (et qui s’élèvent de plusieurs dizaines de centimètres) : les alizés ne soufflent plus et les précipitations, liées aux masses d’air chaud et humide) sont abondantes de ce coté-là. A l’opposé, les côtes australiennes et indonésiennes s’assèchent, tandis que les eaux de surface se refroidissent par effet d’upwelling.
Des impacts à l'échelle planétaire
L’ensemble de la zone Asie Pacifique Amérique est concerné par les modifications de régime des vents, des alizés et de température de l’océan. En période El Nino, la côte américaine connaît alors un climat chaud et humide avec des précipitations anormalement élevées. De l’autre coté, chaleur et sécheresse règnent sur l’Australie et l’Indonésie. La mousson indienne et indonésienne est amoindrie, pouvant occasionner des pertes agricoles énormes, alors que les inondations causent de gros dégâts sur la côte ouest américaine. Plus généralement, on estime que les effets d’El Nino se font sentir jusque sur le bassin Atlantique et Indien en interagissant sur le jet stream, ces vents de haute altitude : le nombre d’ouragan diminue en Atlantique et le climat devient plus sec sur les Caraïbes. A contrario, le nombre de cyclones augmente dans l’océan Indien et pacifique Est.
Et pour 2014 ?
Après plusieurs années marquées par « la Nina », les prévisions à long terme envisagent une lente reprise du Nino au cours de ce printemps, qui pourrait culminer en été et à l’automne. A l’heure actuelle, nous sommes dans une période intermédiaire qualifiée de « Neutre », où aucun de ces extrêmes (Nino / Nina) ne prédomine : ainsi, la Californie connaît un épisode de chaleur et de sécheresse encore typique des années « Nina », tandis que l’Australie s’apparente déjà davantage aux effets du « Nino ». La rigueur de l’hiver au nord-est des Etats-Unis et au Québec s’apparente plus aussi à une période Nina. C’est dire que nous sommes en période transitoire qui devrait aboutir à un épisode de Nino au fil des mois. Son intensité n’est pas encore cernée, mais sa survenue semble probable à 50%, le reste étant partagé entre une poursuite éventuelle du « Neutre » ou même la persistance d’une très faible Nina. Notons que l’Europe et la Russie sont les deux grandes zones de la planète où les effets d’El Nino sont les moins flagrants, sans aucun lien direct statistique et apparent.
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