mardi 21 octobre 2014

Christophe de Margerie n'était pas l'ennemi de la Russie

Le PDG de la compagnie pétrolière française Total est mort dans un accident de jet sur l'aéroport international de Vnoukovo à Moscou dans la nuit du 20 au 21 octobre. La presse russe retient ses grandes moustaches, son humour et son opposition aux sanctions européennes contre la Russie.



Christophe de Margerie en octobre 2013 - AFP/Carl Court  
 
Christophe de Margerie en octobre 2013 - AFP/Carl Court
 
La Russie perd un allié
Dans le contexte des sanctions occidentales contre la Russie, le PDG de Total s'était exclamé en juillet dernier : “Que voulons-nous, construire un nouveau Mur de Berlin ? La Russie est notre partenaire, pourquoi perdre du temps à vouloir se défendre contre un voisin.” Ce matin, Vladimir Poutine a déploré la perte
d'“un véritable ami”. "Il va nous manquer", a ajouté de son côté Dmitri Medvedev.
Parmi les victimes de l'accident de l'aéroport de Vnukovo, se trouvait le patron de la compagnie pétrolière française Total, Christophe de Margerie, qui venait de participer, à Gorki, au Conseil consultatif sur les investissements étrangers, organisé le 20 octobre par le Premier ministre Dmitri Medvedev.

Le président du conseil d'administration et PDG de la grande compagnie française avait 63 ans. Connu sous le sobriquet de "Grandes Moustaches", il avait été nommé directeur général en 2007 et PDG en 2010. A ce poste, il percevait environ 2,7 millions d'euros à titre de compensation (soit 1,25 million en salaire et 1,49 million de bonus). Né dans une famille de diplomates et de talentueux hommes d'affaires, Christophe de Margerie était le petit-fils de Pierre Taittinger, fondateur de la célèbre maison de champagne Taittinger.

Un négociateur de haut vol

Il était entré à la direction financière de la compagnie française en 1974, puis avait gravi les échelons, devenant membre du directoire en 1992, puis, en 1995, directeur de la filiale Total Moyen-Orient (Christophe de Margerie était par ailleurs administrateur de l'Institut du monde arabe à Paris). En 1999, il avait intégré le comité exécutif comme directeur général de l'exploration et de la production.

Christophe de Margerie jouissait d'une réputation de négociateur de haut vol, déterminé et doté d'un grand sens de l'humour. Il avait à plusieurs reprises rencontré les dirigeants russes. En 2009, Vladimir Poutine – alors Premier ministre – avait déclaré à l'issue de sa rencontre avec le PDG français que la Russie était prête à étudier l'augmentation de la participation de Total dans l'exploitation du gisement de Chtokman [l'un des plus grands gisements de gaz du monde situé en mer de Barents, dans le nord de la Russie occidentale].

Défense de la Russie 

En mars 2011, Total a fait l'acquisition de 12 % du capital de la compagnie Novatek et de 20 % de Yamal SPG. Christophe de Margerie avait signé avec le patron de Novatek et en présence de Vladimir Poutine le mémorandum de coopération.

Après l'introduction des sanctions occidentales contre la Russie, la direction de Total avait déclaré dès septembre que ces dernières n'auraient pas d'impact sur le projet Yamal SPG, et que la compagnie n'avait pas l'intention de se retirer de Russie, alors qu'auparavant Total avait suspendu sa coopération avec Lukoïl dans l'exploitation conjointe de gisements en Sibérie occidentale.

Christophe de Margerie lui-même a souvent pris la parole pour essayer de convaincre l'Europe que la Russie n'était pas son ennemi. Il s'était également élevé contre les sanctions européennes, estimant que rien de bon n'en sortirait. 
 
http://www.courrierinternational.com

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