Ello : le réseau social anti-Facebook a-t-il une chance de percer ?
Débarqué sur la Toile en fanfare le 24
septembre dernier, le réseau social Ello cherche à se faire une place
dans un secteur très concurrentiel, largement monopolisé par Facebook.
La stratégie du nouvel arrivant est simple : taper sur son tentaculaire
adversaire, où règne le ciblage publicitaire. Mais Ello a-t-il vraiment
une chance ?
En matière de réseaux sociaux aujourd'hui, les internautes ont le choix : on peut bien évidemment citer Facebook, Twitter ou encore Google+, mais également des plateformes plus spécialisées comme Tumblr, MySpace, Pheed, Foursquare, Pinterest, Instagram... Dans un Web qui n'a jamais été aussi social, tenter de se faire une place sur ce marché bien saturé sonne comme un défi de taille.
Cette perspective n'a cependant pas découragé Paul Budnitz. Cet entrepreneur américain, qui s'est auparavant fait un nom en lançant ses propres marques de vélos et de jouets de collection, est à l'origine d'Ello, un nouveau réseau social qui joue la carte du minimalisme.
Lancé fin septembre, Ello est actuellement disponible uniquement par le biais d'invitations, distillées au compte-gouttes. Une dimension élitiste intrigante, combinée à un discours agressif vis-à-vis de la concurrence. Car Paul Budnitz, très présent ces derniers jours dans les médias, présente son bébé comme l'anti-Facebook absolu. Pour lui, les plateformes comme celles de Mark Zuckerberg « achètent vos données personnelles pour vous montrer toujours plus de publicités. Vous êtes le produit que l'on achète et que l'on revend ensuite. »
La proposition de base d'Ello est simple : ne jamais afficher de publicité, et ne jamais tracer les habitudes de ses utilisateurs. Fermement opposé à l'idée de vendre des informations personnelles aux annonceurs, Paul Budnitz se positionne contre la tendance actuelle, à savoir la monétisation à tout prix du trafic et des habitudes des internautes. En résulte un réseau social à l'esthétique minimaliste, centrée sur le texte et les éventuels contenus visuels que les utilisateurs voudront bien publier. « Nous croyons en un réseau social qui vous donne du pouvoir. Un endroit pour connecter et créer. Vous n'êtes pas le produit » claironne la page d'accueil du site.
Une belle promesse qui donne envie. Mais Ello reste une entreprise qui va devoir, à un moment ou un autre, gagner de l'argent. Et si les utilisateurs ne seront pas des produits sur le site, ils seront tout de même un moyen de le financer.
Le minimalisme d'Ello n'est pas une finalité : les utilisateurs pourront prochainement étoffer leurs comptes d'options payantes, pour obtenir un réseau social modulable selon leurs besoins. « Lorsqu'un site est très simple, les gens veulent disposer de fonctionnalités spécifiques, et ils sont prêts à payer pour ces fonctions » estime Paul Budnitz, interrogé par Business Insider. « Imaginons que vous êtes un musicien, et que vous souhaitez contrôler plusieurs comptes à partir d'un seul identifiant. Nous pouvons vous proposer cela pour 2 $. Ce n'est pas utile à tout le monde. On peut également imaginer proposer des packs d'émoticônes conçus par un artiste populaire, pour quelques dollars. La manière dont nous avons conçu Ello se prête totalement à cela. »
Le micro-paiement comme alternative à la publicité, une tendance peu courante dans les réseaux sociaux en termes de fonctionnalités, mais néanmoins déjà populaire dans d'autres domaines, notamment les applications mobiles et les jeux en ligne. Néanmoins, si l'idée de composer sa propre expérience de réseau social est intéressante, la perspective de payer pour accéder à des fonctionnalités proposées gratuitement ailleurs risque de freiner les ardeurs d'une bonne partie des internautes.
Si Ello cherche à s'opposer à Facebook concernant sa stratégie de financement, c'est également le cas de sa politique d'utilisation, présentée comme très « libertaire ». Là où Facebook censure des photos de mères qui allaitent leurs enfants, Ello se présente comme ouvert au contenu Not Safe For Work, y compris l'affichage de pornographie. La plateforme demande cependant aux utilisateurs qui en publient souvent, de classer leur profil comme étant NSFW, pour éviter que les membres qui ne désirent pas voir ce type de contenu ne tombent dessus. Bien évidemment, Ello se positionne contre les publications trop déviantes : « Nous n'avons aucun problème avec le porno, mais nous en avons avec la zoophilie ou le porno qui encourage les gens à faire du mal aux autres, ainsi que tout ce qui est en lien avec les enfants » explique le règlement du site.
Autre atout par rapport à la concurrence : la possibilité d'utiliser un pseudonyme. Là encore, Ello s'est opposé à Facebook, qui a longtemps pénalisé cette pratique sur ses pages, au grand dam de certaines communautés, comme celle des transexuels. Si la plateforme de Mark Zuckerberg a annoncé le 1er octobre que les pseudos y seraient bientôt autorisés, mais sous conditions, Ello espère bien attirer cette catégorie de déçus dans son giron.
Le positionnement d'Ello pourrait lui permettre de rallier à sa cause les déçus des réseaux sociaux populaires, qui s'appuient tous sur le poids de leur communauté pour se monétiser, tout en imposant des règles strictes. Néanmoins, cette démarche n'est pas la première en son genre : elle rappelle beaucoup celle de Diaspora qui, déjà en 2010, tentait une approche anti-Facebook, et s'affranchissait de toute publicité.
Diaspora allait même plus loin, en proposant un hébergement décentralisé, c'est-à-dire basé sur la communauté et non sur des serveurs fermés. Depuis 2012, le développement du service est entièrement entre les mains des utilisateurs, mais sa popularité reste confidentielle. Diaspora n'est jamais vraiment parvenu à faire évoluer son image de réseau social élitiste, face à des poids lourds du marché qui bénéficient d'un véritable effet d'entraînement communautaire : difficile de passer d'un réseau social très fréquenté à une plateforme où peu d'utilisateurs, et encore moins de connaissances, évoluent.
Dans un autre ordre d'idée, des géants ont tenté de s'opposer à Facebook. Le plus évident est sans doute Google+ : malgré son lien direct avec la firme de Mountain View, le réseau social affiche notamment beaucoup moins de publicités. Cet argument ne lui a, pour autant, pas permis de rattraper le réseau social bleu sur le terrain de l'activité communautaire, élément primordial pour la pérennité d'une telle plateforme.
Malgré son positionnement, Ello n'est pas dupe : son fondateur assure qu'il ne cherche pas à concurrencer Facebook. Difficile d'imaginer qu'un réseau social puisse aujourd'hui rattraper les 1,32 milliard de profils que compte le site de Zuckerberg. Actuellement, la plateforme minimaliste bénéficie d'un vent favorable, qui s'explique en grande partie par la curiosité des internautes, et une forme de défiance vis-à-vis du ciblage publicitaire permanent. Reste à savoir si l'arrivée des fonctionnalités de micro-paiement, qui devraient voir le jour avec une ouverture plus large du site, ne marqueront pas la fin d'un effet de mode.
En matière de réseaux sociaux aujourd'hui, les internautes ont le choix : on peut bien évidemment citer Facebook, Twitter ou encore Google+, mais également des plateformes plus spécialisées comme Tumblr, MySpace, Pheed, Foursquare, Pinterest, Instagram... Dans un Web qui n'a jamais été aussi social, tenter de se faire une place sur ce marché bien saturé sonne comme un défi de taille.
Cette perspective n'a cependant pas découragé Paul Budnitz. Cet entrepreneur américain, qui s'est auparavant fait un nom en lançant ses propres marques de vélos et de jouets de collection, est à l'origine d'Ello, un nouveau réseau social qui joue la carte du minimalisme.
Une intrigante alternative
Lancé fin septembre, Ello est actuellement disponible uniquement par le biais d'invitations, distillées au compte-gouttes. Une dimension élitiste intrigante, combinée à un discours agressif vis-à-vis de la concurrence. Car Paul Budnitz, très présent ces derniers jours dans les médias, présente son bébé comme l'anti-Facebook absolu. Pour lui, les plateformes comme celles de Mark Zuckerberg « achètent vos données personnelles pour vous montrer toujours plus de publicités. Vous êtes le produit que l'on achète et que l'on revend ensuite. »
La proposition de base d'Ello est simple : ne jamais afficher de publicité, et ne jamais tracer les habitudes de ses utilisateurs. Fermement opposé à l'idée de vendre des informations personnelles aux annonceurs, Paul Budnitz se positionne contre la tendance actuelle, à savoir la monétisation à tout prix du trafic et des habitudes des internautes. En résulte un réseau social à l'esthétique minimaliste, centrée sur le texte et les éventuels contenus visuels que les utilisateurs voudront bien publier. « Nous croyons en un réseau social qui vous donne du pouvoir. Un endroit pour connecter et créer. Vous n'êtes pas le produit » claironne la page d'accueil du site.
Une belle promesse qui donne envie. Mais Ello reste une entreprise qui va devoir, à un moment ou un autre, gagner de l'argent. Et si les utilisateurs ne seront pas des produits sur le site, ils seront tout de même un moyen de le financer.
Pas de pub, mais du micro-paiement
Le minimalisme d'Ello n'est pas une finalité : les utilisateurs pourront prochainement étoffer leurs comptes d'options payantes, pour obtenir un réseau social modulable selon leurs besoins. « Lorsqu'un site est très simple, les gens veulent disposer de fonctionnalités spécifiques, et ils sont prêts à payer pour ces fonctions » estime Paul Budnitz, interrogé par Business Insider. « Imaginons que vous êtes un musicien, et que vous souhaitez contrôler plusieurs comptes à partir d'un seul identifiant. Nous pouvons vous proposer cela pour 2 $. Ce n'est pas utile à tout le monde. On peut également imaginer proposer des packs d'émoticônes conçus par un artiste populaire, pour quelques dollars. La manière dont nous avons conçu Ello se prête totalement à cela. »
Le micro-paiement comme alternative à la publicité, une tendance peu courante dans les réseaux sociaux en termes de fonctionnalités, mais néanmoins déjà populaire dans d'autres domaines, notamment les applications mobiles et les jeux en ligne. Néanmoins, si l'idée de composer sa propre expérience de réseau social est intéressante, la perspective de payer pour accéder à des fonctionnalités proposées gratuitement ailleurs risque de freiner les ardeurs d'une bonne partie des internautes.
Un réseau social très ouvert
Si Ello cherche à s'opposer à Facebook concernant sa stratégie de financement, c'est également le cas de sa politique d'utilisation, présentée comme très « libertaire ». Là où Facebook censure des photos de mères qui allaitent leurs enfants, Ello se présente comme ouvert au contenu Not Safe For Work, y compris l'affichage de pornographie. La plateforme demande cependant aux utilisateurs qui en publient souvent, de classer leur profil comme étant NSFW, pour éviter que les membres qui ne désirent pas voir ce type de contenu ne tombent dessus. Bien évidemment, Ello se positionne contre les publications trop déviantes : « Nous n'avons aucun problème avec le porno, mais nous en avons avec la zoophilie ou le porno qui encourage les gens à faire du mal aux autres, ainsi que tout ce qui est en lien avec les enfants » explique le règlement du site.
Autre atout par rapport à la concurrence : la possibilité d'utiliser un pseudonyme. Là encore, Ello s'est opposé à Facebook, qui a longtemps pénalisé cette pratique sur ses pages, au grand dam de certaines communautés, comme celle des transexuels. Si la plateforme de Mark Zuckerberg a annoncé le 1er octobre que les pseudos y seraient bientôt autorisés, mais sous conditions, Ello espère bien attirer cette catégorie de déçus dans son giron.
L'anti-Facebook n'est pas nouveau
Le positionnement d'Ello pourrait lui permettre de rallier à sa cause les déçus des réseaux sociaux populaires, qui s'appuient tous sur le poids de leur communauté pour se monétiser, tout en imposant des règles strictes. Néanmoins, cette démarche n'est pas la première en son genre : elle rappelle beaucoup celle de Diaspora qui, déjà en 2010, tentait une approche anti-Facebook, et s'affranchissait de toute publicité.
Diaspora allait même plus loin, en proposant un hébergement décentralisé, c'est-à-dire basé sur la communauté et non sur des serveurs fermés. Depuis 2012, le développement du service est entièrement entre les mains des utilisateurs, mais sa popularité reste confidentielle. Diaspora n'est jamais vraiment parvenu à faire évoluer son image de réseau social élitiste, face à des poids lourds du marché qui bénéficient d'un véritable effet d'entraînement communautaire : difficile de passer d'un réseau social très fréquenté à une plateforme où peu d'utilisateurs, et encore moins de connaissances, évoluent.
Dans un autre ordre d'idée, des géants ont tenté de s'opposer à Facebook. Le plus évident est sans doute Google+ : malgré son lien direct avec la firme de Mountain View, le réseau social affiche notamment beaucoup moins de publicités. Cet argument ne lui a, pour autant, pas permis de rattraper le réseau social bleu sur le terrain de l'activité communautaire, élément primordial pour la pérennité d'une telle plateforme.
Malgré son positionnement, Ello n'est pas dupe : son fondateur assure qu'il ne cherche pas à concurrencer Facebook. Difficile d'imaginer qu'un réseau social puisse aujourd'hui rattraper les 1,32 milliard de profils que compte le site de Zuckerberg. Actuellement, la plateforme minimaliste bénéficie d'un vent favorable, qui s'explique en grande partie par la curiosité des internautes, et une forme de défiance vis-à-vis du ciblage publicitaire permanent. Reste à savoir si l'arrivée des fonctionnalités de micro-paiement, qui devraient voir le jour avec une ouverture plus large du site, ne marqueront pas la fin d'un effet de mode.
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