Quel avenir pour le Barça en cas d’indépendance catalane ?
Josep Maria Bartomeu, le président du FC Barcelone.
REUTERS/Gustau Nacarino
Dans un mois, le 9 novembre 2014, les habitants des trois provinces catalanes en Espagne pourraient se prononcer par référendum sur l'éventualité de l'indépendance de cette région. Une consultation incertaine, car illégale, qui pose cependant de nombreuses questions, dont celle de l’avenir du Barça, club mythique, en cas d'une éventuelle indépendance de la Catalogne. La question ne laisse personne indifférent en Espagne, tant le prestige du club catalan est lié au championnat espagnol.
En affirmant qu'en cas
d'indépendance, le Barça devra quitter la Liga, le président de la Ligue
professionnelle espagnole, Javier Tebas, a semé le désarroi chez les
fans du club catalan. Comment garder son prestige, ni même survivre,
avec son stade de 120 000 places, dans le cadre étriqué d'un championnat
catalan? Certes, il y aurait toujours la Ligue des champions, mais ça
ne remplit pas une saison.
Continuer à s’offrir des stars ?
Dans le cadre des règles actuelles, aussi bien du côté de la Fédération espagnole de football que de l’UEFA ou la FIFA, le Barça ne pourrait disputer que le championnat catalan dans l’hypothèse d’une indépendance de cette région du Nord de l’Espagne. Une perspective catastrophique sur le plan économique, car les droits télé, le marketing et la publicité qui assurent une grande partie du standing des Blaugrana en pâtiraient gravement. Le FC Barcelone ne serait plus en mesure de continuer à s’offrir les stars internationales qui font de lui un des plus grands clubs de la planète. Pour contourner le problème, les dirigeants barcelonais militent activement pour la création d’un grand championnat supranational, une sorte de Super Ligue européenne. Mais il est un peu seul dans cette quête, car la plupart des grands clubs européens sont satisfaits de la formule actuelle qui se révèle rentable et attrayante pour les chaînes de télévision.
Les indépendantistes embarrassés
Le sujet irrite les partisans de l'indépendance, qui ont peu d’arguments à faire valoir en la matière. Persuadés que le football espagnol ne peut se passer de Barcelone, ils prétendent simplement que rien ne s'opposerait à ce que les grands clubs catalans puissent continuer à disputer la Liga espagnole. Il suffirait pour cela d’aménager les règlements du football espagnol. Le Barça de son côté a même sondé un plan B, à savoir une éventuelle participation au championnat de France de Ligue 1, sans succès.
L'UEFA exige en effet que les clubs d'un pays disputent le championnat organisé par leur fédération. Certes, il y a quelques exceptions à cette règle, mais elles sont rares et concernent quelques cas mineurs. C’est notamment le cas d’Andorre, un club qui évoluait dans les championnats espagnols avant la création de la fédération andorrane et qui bénéficie d’une dérogation. Des cas similaires concernent de petits clubs du Luxembourg et du Liechtenstein. D’autres situations sont difficilement comparables. Ainsi, Swansea et Cardiff, deux clubs gallois, participent au championnat anglais. Mais le pays de Galles n’est pas indépendant. Quant à l’AS Monaco, qui participe au championnat de France, il appartient à un Etat qui n’a pas de championnat ni d’équipe nationale et participe depuis toujours au championnat français.
A chaque État son championnat
En revanche, les précédents sont nombreux pour rappeler les règles en vigueur. Ainsi, lors de la partition de l’Union Soviétique, la Tchécoslovaquie ou la Yougoslavie, chaque nouvel Etat a créé son propre championnat et les clubs affiliés ont dû se résoudre à les disputer sans exception. De même, les deux grands clubs écossais, le Celtic et les Rangers, n’ont pas été autorisés à disputer le championnat anglais. Le projet consistant à aligner un club londonien, Wimbledon, dans le championnat irlandais n’a pas abouti. Et l’UEFA s’est toujours opposée à la création de championnats regroupant des pays proches, comme la Belgique, le Pays-Bas et le Luxembourg ou celui présenté en son temps par quatre pays scandinaves, le Danemark, la Finlande, la Norvège et la Suède.
Les soucis du Barça ne s’arrêteraient pas là, car le championnat catalan ne bénéficiant pas du statut de son homologue espagnol (aujourd’hui le mieux classé en Europe), le Barça, en cas de qualification, risquerait de devoir passer par les tours préliminaires et ne serait plus tête de série.
Un choix difficile pour les joueurs
L’incertitude autour de l’avenir toucherait aussi les footballeurs catalans, indépendamment du Barça. Comme la commission européenne l’a rappelé plusieurs fois, le nouvel Etat catalan serait contraint de quitter l’Union européenne en attendant l’acceptation d’une éventuelle demande d’adhésion. Les joueurs originaires de Catalogne auraient le choix entre conserver leur statut espagnol actuel ou adopter la nationalité catalane. S’ils devaient faire le choix de la Catalogne, ils risqueraient d’avoir du mal à jouer dans d’autres pays car ils seraient considérés comme extracommunautaires, soumis donc au quota de trois maximum par club. Enfin, la future équipe nationale de Catalogne devrait également échapper au statut protégé dont bénéficient les grands pays européens lors des éliminatoires pour la Coupe du monde ou l’Euro.
En se prononçant pour l'indépendance de la Catalogne, les électeurs risquent de mettre en difficulté le bateau amiral du sport catalan et un des plus grands clubs du monde. Une perspective qui pourrait peser dans leur choix.
rfi.fr
Continuer à s’offrir des stars ?
Dans le cadre des règles actuelles, aussi bien du côté de la Fédération espagnole de football que de l’UEFA ou la FIFA, le Barça ne pourrait disputer que le championnat catalan dans l’hypothèse d’une indépendance de cette région du Nord de l’Espagne. Une perspective catastrophique sur le plan économique, car les droits télé, le marketing et la publicité qui assurent une grande partie du standing des Blaugrana en pâtiraient gravement. Le FC Barcelone ne serait plus en mesure de continuer à s’offrir les stars internationales qui font de lui un des plus grands clubs de la planète. Pour contourner le problème, les dirigeants barcelonais militent activement pour la création d’un grand championnat supranational, une sorte de Super Ligue européenne. Mais il est un peu seul dans cette quête, car la plupart des grands clubs européens sont satisfaits de la formule actuelle qui se révèle rentable et attrayante pour les chaînes de télévision.
Les indépendantistes embarrassés
Le sujet irrite les partisans de l'indépendance, qui ont peu d’arguments à faire valoir en la matière. Persuadés que le football espagnol ne peut se passer de Barcelone, ils prétendent simplement que rien ne s'opposerait à ce que les grands clubs catalans puissent continuer à disputer la Liga espagnole. Il suffirait pour cela d’aménager les règlements du football espagnol. Le Barça de son côté a même sondé un plan B, à savoir une éventuelle participation au championnat de France de Ligue 1, sans succès.
L'UEFA exige en effet que les clubs d'un pays disputent le championnat organisé par leur fédération. Certes, il y a quelques exceptions à cette règle, mais elles sont rares et concernent quelques cas mineurs. C’est notamment le cas d’Andorre, un club qui évoluait dans les championnats espagnols avant la création de la fédération andorrane et qui bénéficie d’une dérogation. Des cas similaires concernent de petits clubs du Luxembourg et du Liechtenstein. D’autres situations sont difficilement comparables. Ainsi, Swansea et Cardiff, deux clubs gallois, participent au championnat anglais. Mais le pays de Galles n’est pas indépendant. Quant à l’AS Monaco, qui participe au championnat de France, il appartient à un Etat qui n’a pas de championnat ni d’équipe nationale et participe depuis toujours au championnat français.
A chaque État son championnat
En revanche, les précédents sont nombreux pour rappeler les règles en vigueur. Ainsi, lors de la partition de l’Union Soviétique, la Tchécoslovaquie ou la Yougoslavie, chaque nouvel Etat a créé son propre championnat et les clubs affiliés ont dû se résoudre à les disputer sans exception. De même, les deux grands clubs écossais, le Celtic et les Rangers, n’ont pas été autorisés à disputer le championnat anglais. Le projet consistant à aligner un club londonien, Wimbledon, dans le championnat irlandais n’a pas abouti. Et l’UEFA s’est toujours opposée à la création de championnats regroupant des pays proches, comme la Belgique, le Pays-Bas et le Luxembourg ou celui présenté en son temps par quatre pays scandinaves, le Danemark, la Finlande, la Norvège et la Suède.
Les soucis du Barça ne s’arrêteraient pas là, car le championnat catalan ne bénéficiant pas du statut de son homologue espagnol (aujourd’hui le mieux classé en Europe), le Barça, en cas de qualification, risquerait de devoir passer par les tours préliminaires et ne serait plus tête de série.
Un choix difficile pour les joueurs
L’incertitude autour de l’avenir toucherait aussi les footballeurs catalans, indépendamment du Barça. Comme la commission européenne l’a rappelé plusieurs fois, le nouvel Etat catalan serait contraint de quitter l’Union européenne en attendant l’acceptation d’une éventuelle demande d’adhésion. Les joueurs originaires de Catalogne auraient le choix entre conserver leur statut espagnol actuel ou adopter la nationalité catalane. S’ils devaient faire le choix de la Catalogne, ils risqueraient d’avoir du mal à jouer dans d’autres pays car ils seraient considérés comme extracommunautaires, soumis donc au quota de trois maximum par club. Enfin, la future équipe nationale de Catalogne devrait également échapper au statut protégé dont bénéficient les grands pays européens lors des éliminatoires pour la Coupe du monde ou l’Euro.
En se prononçant pour l'indépendance de la Catalogne, les électeurs risquent de mettre en difficulté le bateau amiral du sport catalan et un des plus grands clubs du monde. Une perspective qui pourrait peser dans leur choix.
rfi.fr
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